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Reflets du Cosmos dans l'encrier...

Réflexions, pensées, contes, nouvelles et romans...

Contrôle Qualité...

Contrôle Qualité...

Au sein de toute bonne entreprise, on conduit des tests qualité à tous les niveaux. En tout début de chaîne, en premier lieu, afin de s’assurer de la qualité des matières premières ; en cours de production, et à différentes étapes, pour être certain de pouvoir identifier l’origine d’une défaillance en cas d’écart par rapport aux normes. Evidemment, ce qui compte de façon principale, c’est le résultat en bout de chaîne de production, et là, il y a en général un test ultime avant la mise sur le marché du produit fini.

Comparer l’Éducation Nationale à une entreprise est quasiment une hérésie.

Pourtant, pour la première fois, nous avons pu découvrir des résultats comparatifs sur une même classe d’âge au sein du Collège : les mêmes élèves ont été testés, en Maths et en Français, à deux années d’intervalle, soit en 6ème précédemment, lors de leur entrée dans le secondaire, puis, cette année en 4ème.

Le constat réalisé par le Ministre de l’Éducation alerterait toute entreprise ayant mis en place une procédure de contrôle qualité de sa chaîne de production :

«En 4ème, on voit que, durant le collège, le niveau stagne, voire régresse, ce qui signifie que le collège ne parvient pas à réduire les écarts constatés à l’entrée en 6ème. Le risque, si on ne fait rien, c’est que notre collège tombe en panne».

Diable ! Voilà donc les élèves en régression après deux années passées au collège. La matière première a donc été dégradée, et non améliorée, pendant deux années de transformation au collège... Parallèlement, le même Ministre confirme l’amélioration de la situation des élèves de 6ème testés cette année :

«Les résultats progressent en 6ème, c’est-à-dire que le niveau de la génération 2017, celle qui entrait au CP au début du précédent quinquennat, est meilleur que celui de la précédente, notamment en lecture et écriture».

En fait, les résultats sont plus nuancés que cela, et doivent interpeller sur certains points Voir ici l'article publié dans «Le Parisien» le 13 novembre.

Globalement, ce serait donc un satisfecit décerné aux établissements du premier degré qui ont amélioré leur prestation en livrant aux collèges une matière première de meilleure qualité. Il serait sans doute judicieux, dans ces conditions, de prêter attention aux alertes lancées par les enseignants des classes de CP et de maternelle, qui déclarent constater les premiers effets de la saturation en écrans des plus jeunes et sont certainement les mieux placés pour en juger.

Gabriel Attal a évoqué l’éventualité d’une prochaine panne du collège. Il aurait été honnête d’avouer que c’est déjà le cas. Dans toute entreprise normale, une baisse de qualité du produit en cours de fabrication aurait déjà déclenché l’émission d’une fiche de non-conformité, et des mesures correctives seraient déjà à l’étude. C’est peut-être le cas dans les hautes sphères de l’Éducation Nationale, mais cela reste à vérifier. Quoi qu’il en soit, il est urgent de ne plus attendre…

Le plus compliqué ne sera pas de trouver les causes de l’incident, mais d’en faire accepter les mesures de correction qu’il convient de prendre : au fond, le ministère est pris entre deux feux, avec d’un côté les parents d’élèves auxquels on fait miroiter depuis des lustres l’illusion que tous les élèves sont capables d’atteindre le niveau du Bac, voire davantage, et de l’autre les enseignants navrés de ne pouvoir exercer leur mission première dans des conditions convenables, un peu comme des mineurs à qui l’on demanderait de creuser une galerie avec une pelle et un seau de jeu de plage. Noyés dans le tourbillon de réformes souvent déconnectées de la réalité, ils ressemblent de plus en plus à des lapins pris dans les phares d’une voiture, dont la seule chance de survie est de sauter dans le fossé, hors de la route, avec de plus en plus souvent pour conséquence, à court ou moyen terme… l’abandon du métier.

Il n’y a pas de solution miracle.

Mais encore faut-il avoir le courage de poser les bonnes questions, qui se situent à plusieurs niveaux : Quel est l’impact réel des changements sociétaux objectivement constatés sur le système scolaire ? Le collège unique (qui divise depuis longtemps l’opinion) est-il toujours la panacée ? La formation continue des enseignants, qui s’apparente bien souvent à un saupoudrage, et dont la durée est bien inférieure à celle des professeurs de Singapour (100 heures annuelles, avec évaluation régulière) ne doit-elle pas être reconsidérée dans sa forme, et sur le fond ?

Cliquer sur l'image pour accéder au document

Enfin, ultime question, qui ne saurait tarder à devenir d’une brûlante actualité : La France peut-elle continuer longtemps à recruter ses enseignants sur concours ?

Le sujet est épineux. Laissons-le en suspens pour le moment, la réponse viendra sans nul doute bientôt…

Pour la bande originale du jour, le dernier mot revient à une chanson de Georges Brassens, visiblement adepte de l'innovation pédagogique...

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D
Ah voilà un constat ou plutôt une analyse épineuse.....ne serait-il pas judicieux de tester ces enseignant(e)s de ces mêmes classes......aurions-nous peur voire peut-être une idée 💡 de leurs enseignements qui pourrait nous mettre en alerte de tous ces résultats et constats dès plus décevants pour ne pas dire catastrophiques......JC. D
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H
En l’occurrence, à Singapour, ça marche... 😉
D
blablabla.....combien d'inspecteurs font des inspections ? Arrêtez les comparaisons avec les pays étrangers.....occupons nous de ce qui se passe en France......faut agir, le ministre de l'éducation c'est sont rôle se balader c'est une autre façon de voir les choses....<br /> ......JC. D
H
Comme tu le sais, c’est, normalement, le job des inspecteurs.<br /> A Singapour, l’évaluation est quasi continue, et particulièrement pointue. Il est presque certain que ce que tu préconises est une des pistes de réflexion actuelles.<br /> A suivre...