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Reflets du Cosmos dans l'encrier...

Réflexions, pensées, contes, nouvelles et romans...

D'Homo Habilis à la naissance de l'IA, à l'échelle de l'Univers, il n'y avait qu'un pas...

D'Homo Habilis à la naissance de l'IA, à l'échelle de l'Univers, il n'y avait qu'un pas...

Le génie humain ne se déploie jamais avec autant de force que lorsqu’il s’agit, pour lui, de se faciliter le travail.

Il faut dire qu’en un peu moins de trois millions d’années, l’évolution a fait passer les hominidés du stade de «cueilleur chasseur dans la savane africaine», job quotidien de l’Homo Habilis purement destiné à assurer la survie du groupe, à celui peu facilement identifiable joué aujourd’hui par l’Homo Sapiens tant il existe d’activités diverses auxquelles il est susceptible de se livrer quotidiennement.

Au passage, notons qu’on estime que notre ancêtre «Habilis» ne consacrait, grosso modo, qu’environ deux heures par jour à son «travail», ce qui lui laissait, par ailleurs, pas mal de temps pour s’occuper de sa descendance, réfléchir à la conception de quelques nouveaux outils destinés à lui faciliter la vie, voire cogiter en observant son environnement. Nous sommes loin des sept à huit heures de travail qui sont le lot quotidien des actuels «Sapiens». Comme, de plus, pas mal de médias (surtout numériques) considèrent que les huit heures restantes de sa période d’éveil sont autant de «temps de cerveau disponible» qu’il convient de mobiliser pour des usages discutables, cela laisse peu de place pour la réflexion, l’invention, la créativité, voire pour l’attention prêtée à sa descendance…

À force de réfléchir, au cours des siècles, l’Homme n’a eu de cesse de se faciliter la vie, en inventant des machines de plus en plus complexes, de plus en plus performantes, à commencer tout simplement par le moulin, qu’il soit à vent ou à eau. On n’arrête pas le progrès, comme les ouvriers des filatures, plus largement du textile et plus récemment de l’industrie automobile en ont fait l’expérience. Ce n’était qu’un début.

Le traitement de texte a eu la peau des secrétaires et dactylos : il y a moins d’un demi-siècle, il était impensable qu’un cadre écrive lui-même le courrier qu’il allait adresser à un quelconque interlocuteur. Aujourd’hui, un cadre sait adresser un mail type grâce à une liste de diffusion, et son message arrivera directement sur la boite mail de ses destinataires, sans transiter par un subordonné qui aurait, autrefois, fait le tri entre ce qui peut être réglé à un échelon moindre et ce qui nécessite une prise de décision en responsabilité. Que sont devenues (au féminin, parce qu’il y avait bien entendu une majorité de femmes dans cette profession) celles qui tapaient ces courriers avec deux ou trois feuilles de papier carbone pour conserver des doubles ? Le numérique les a achevées : même au niveau du fisc, c’est le contribuable lui-même qui remplit son propre dossier en renseignant un formulaire sur le Net. Nul besoin d’attendre la saisie des données, tout se fait en quasi direct-live. À chaque fois que nous pouvons nous réjouir d’avoir une réponse instantanée à une requête, nous devrions avoir une pensée pour tous ceux qui devaient autrefois remplir quelques tâches peu valorisantes pour arriver au même résultat en dix à quinze jours.

Tant mieux, pourrait-on dire, si ce progrès signifie que ceux qui étaient réduits à des travaux aussi peu attrayants et répétitifs ont eux-mêmes pu profiter de cette avancée en trouvant une occupation plus stimulante. Cela reste toutefois à prouver…

Pour faire simple, dans un premier temps, on a réussi à remplacer le travail répétitif et mécanique par des machines. Ensuite, l’informatisation a peu à peu permis de faire accomplir le geste professionnel par le client ou le contribuable (caisses automatiques, service des impôts, allocataires de la CAF, patients en quête d’un rendez-vous médical…) mais on était encore, à ce moment-là, dans des tâches d’exécutants.

L’avènement de l’Intelligence Artificielle, ces derniers mois, provoque bien plus d’inquiétude dans d’autres classes plus tellement ouvrières : quand ils perçoivent le danger qui se profile, les cols blancs commencent à s’interroger. Certains curieusement, n’ont rien vu venir ; les salariés de Onclusive, entreprise spécialisée dans la veille médiatique, qui ont récemment appris le prochain remplacement par une IA de 217 postes sur les 383 emplois basés en France, semblaient les premiers surpris. Étrange, pour des personnes spécialisées dans la veille médiatique : il y avait tout de même de quoi avoir la puce à l’oreille.

De ce côté-là, Open AI assume totalement : l’objectif est de remplacer «l’humain médian» par l’IA générale. Il y a fort à croire que, contrairement à ce que nous avons pu penser, au vu de ses progrès récents, l’IA ne se contentera pas de libérer les humains du travail pénible, mais, à force de progrès, parviendra à afficher les mêmes capacités intellectuelles qu’un «humain médian», soit, en langage courant, un citoyen moyen.

L’exemple de Onclusive est parlant. Ce qui est rebutant, répétitif, c’est la recherche d’information récentes sur un sujet précis. L’IA est parfaitement capable de le faire, comme Chat GPT nous en a déjà apporté la preuve. Il ne fallait donc pas être grand clerc pour comprendre que ce simple traitement d’un flux de données finirait, tôt ou tard, par être réalisé par une IA. Ce qui compte, c’est ce que l’on fait de ces données, et cela, pour l’instant, reste l’apanage du génie humain. C’est sans doute ce qui a conduit à parler du remplacement de «l’humain médian», c’est à dire de celui qui ne possède pas de capacités supérieures à la moyenne, n’est pas capable d’opérer une réflexion à partir des données fournies par l’IA.

Bizarrement, on s’accorde aujourd’hui pour considérer que certains métiers manuels assez peu gratifiants ne pourront jamais être remplacées par une IA, et que, par exemple, les plombiers ont encore de beaux jours devant eux tant qu’une véritable intervention manuelle sera nécessaire pour réparer une installation. Pourtant, déjà, l’IA déploie ses capacités dans le domaine de la construction : on parle déjà des avantages des maisons imprimées en 3D, donc il ne faut jurer de rien…

Tout cela pour dire que, finalement, ceux qui ont rêvé notre avenir n’avaient pas forcément tort. S’il n’y a qu’un détail à retenir parmi tous les délires des auteurs et scénaristes de SF qui ont alimenté notre imaginaire, une petite phrase est assez remarquable.

Dans l’inoubliable série «Cosmos 1999», si l’ordinateur est omniprésent, si les analystes de données sont très présents dans le poste de commandement, à chaque fois que la situation devenait inextricable car insoluble de façon purement automatique, en mode binaire, l’écran géant du poste de commandement et les hauts-parleurs de l’ordinateur étaient unanimes : «Décision humaine requise». Et là, tout reposait alors sur un seul homme, celui qui détenait le commandement.

Cela pourrait sembler anecdotique, mais si nous nous dirigeons véritablement vers ce genre de monde, il est d’autant plus urgent de bien réfléchir avant de désigner un dirigeant, quel qu’il soit. Ce conseil s’adresse bien entendu tout autant aux services RH, qui recrutent des cadres supérieurs qu’aux électeurs…

Pour la bande originale du jour, une chanson très prémonitoire de Maxime Le Forestier s'est naturellement imposée...

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D
Bien vu Hélène comme à ton habitude !
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