3 Juillet 2020
Nous talonnions depuis plusieurs heures l’appareil d’André Lamarque lorsque nous avons aperçu trois lueurs rougeâtres à l’arrière de son vaisseau. Nous avons immédiatement compris ce qui se passait : une surchauffe des moteurs, poussés au maximum afin de nous devancer a dû provoquer l’éclatement des conduits internes de l’appareil. « Armorica » s’est arrêté, et nous l’avons dépassé sans interrompre notre course, dure loi du rallye. J’aurais préféré, et de loin, porter secours à André, mais ce n’était pas l’avis de Nell et Diane, qui ont choisi de continuer la route vers « Pauli », le prochain relais. Je me console en pensant qu Jean-Jacques n’est jamais très loin, et qu’il viendra recueillir l’équipage de « l’Armorica ».
Le relais « Pauli » se dessine dans le lointain. Cette station, bâtie voici près de vingt ans, a peu à peu perdu sa raison d’être, surtout depuis que les voyages spatiaux sont devenus plus rapides. En fait, le rallye ne fait que redessiner ce que devaient être autrefois les transports spatiaux entre la Terre et Mars : d’interminables périples, quelquefois dangereux, toujours éprouvants, mais tellement enrichissants.
Avec l’arrivée d’une soixantaine d’appareils en course, le relais « Pauli » va retrouver toute son activité ; nous allons apporter un peu de distraction aux occupants de cette station quelque peu abandonnée.
C’est aussi cela, le rallye : un peu de changement dans le triste quotidien de certains hommes vivant six mois sur douze enfermés entre les murs hermétiquement clos des stations relais.