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Reflets du Cosmos dans l'encrier...

Réflexions, pensées, contes, nouvelles et romans...

Aujourd'hui vu d'hier (8)

Aujourd'hui vu d'hier (8)

Huitième et dernier épisode de la série d’articles consacrés au numéro hors série entièrement dédié à «La vie quotidienne en 2015» publié par le magazine «Science et Vie» en septembre 1990.

SE VÊTIR

Sans vouloir imiter Christina Cordula, on ne notait «rien de transcendant» dans cet ultime chapitre, un peu comme s’il n’y avait finalement pas grand chose à dire sur le sujet. Pourtant, on y retrouvait les éléments essentiels qui composent réellement notre époque, mais pas dans l’ordre, bref, c’est à la fois tout juste et un peu faux, comme le tiercé dans le désordre.

Sans surprise, la partie introductive rappelait que, dans l’esprit du grand public, futurisme rimait assez souvent avec uniformisation : «La standardisation issue du règne des machines semblait en effet devoir logiquement gagner le secteur de l’habillement. Sous le crayon des illustrateurs de science-fiction les foules revêtues de combinaisons androgynes ont toujours servi à figurer le futur, qu’il soit rose ou noir». Mais attention, la nuance apportée par la suite de l’article n’était pas sans importance : «En parlant de vêtement, on parle de mode, on aborde un domaine gouverné par la fantaisie la plus débridée. La subjectivité y règne non seulement au niveau des inventions des créateurs, mais aussi, pour chacun, dans la manière de s’habiller». Rien de plus juste. Donnez le même vêtement à dix personnes sans aucune consigne particulière, et elles composeront autant de tenues différentes en l’assemblant avec des pièces qu’elles apprécient. Notre époque, en fait, traduit fidèlement un aspect de notre société à la fois troublant et inquiétant : dans la jungle urbaine, les tribus se rassemblent par des marques extérieures d’appartenance à tel ou tel groupe, et parmi les plus jeunes, haro sur celui qui ne se reconnaît dans aucun et quia de grandes chances de faire figure de paria s’il n’adopte pas les codes des uns ou des autres.

L’aspect technique des nouveaux textiles était bien développé dans l’article. L’apparition de la microfibre, dans les années 90, avait permis de pressentir toutes les innovations qui s’annonçaient. De la soie si bien imitée grâce à une protéine du lait au mélange de polymères synthétiques tressés avec du coton ou de la laine pour conserver le meilleur de chaque matière, tout y était bien exposé. Bref, on prévoyait tous les vêtements techniques isolant du froid, captant le rayonnement solaire, ou changeant de couleur selon la température ambiante.

On y évoquait aussi les fils de polyester résistant aux salissures, par réaction électrostatique empêchant les particules de saleté de s’accrocher aux fibres.

Pour un peu, nous oscillerions entre «THX1138», premier film de Georges Lucas en 1971, pour les foules en  uniforme, et «L’homme au complet blanc», film d’Alexander Mackendrick de 1951, pour le vêtement inusable et insalissable. Il est à noter que ledit tissu, s’il ne s’était révélé défaillant, aurait, dans cette histoire, entraîné la faillite de toute l’industrie textile et la chute de la société de consommation. Intéressant…

Là où l’article ne se trompait pas vraiment, c’est dans l’évocation du «Grand retour du sur mesure». La chose était surtout présentée sous l’aspect de l’innovation, avec l’usage des logiciels de CAO-DAO, la découpe laser et l’ajustage des patrons en fonction de la morphologie des clients, engendrant ainsi une sorte de «sur-mesure en série», pour reprendre l’expression de l’article. Ce qui n’avait pas été prévu, c’est plutôt le retour des plus jeunes générations vers le «fait-maison», avec la réapparition de l’art du tricot et de la couture, grandement facilitée par des machines à coudre presque intelligentes et encouragé par la désaffection de tous ceux qui ont développé une forme d’éthique en se détournant des produits industriels fabriqués par de petites mains innocentes dans des contrées éloignées.

Cela dit, nous n’en sommes pas au « tailleur assisté par ordinateur » à grande échelle, si joliment décrit dans l’article :

La conclusion de l’article portait surtout sur l’avenir de l’industrie vestimentaire : «Réseaux informatiques normalisés, coupe en continu, automatisation de la chaîne de production sont autant de technologies qui participent à l’élaboration d’un système intégré de fabrication. Total Apparel System développé entre autres par Lectra Systemes constitue la première réalisation concrète de ce concept. Elle présage des caractéristiques de l’industrie de l’habillement dans dix ans : une production automatisée et polyvalente dans des délais plus courts». Pas faux au niveau de la conception des modèles. Pour l’assemblage, on repassera : les petites mains d’Asie du Sud-Est sont toujours sur le pont, et ce ne sont pas des robots.

Mais au fond, rien n’a changé : pour pas mal de gens, l’habit fait toujours le moine…

Pour la bande originale de l'article, c'est ici.

Et ceci conclut ce flashback rétro-futuriste...

 

 

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