"Héra", Cité Martienne, rêve ou future réalité ?

21 Novembre 2020

Aurais-je pu oser imaginer, en écrivant «Les Moissons de l’Éternité», qu’un entrepreneur fou d’espace donnerait un jour un aspect plus concret à mes rêves littéraires ?

Certains m’ont gentiment reproché, en lisant cette histoire, d’avoir imaginé une cité martienne ressemblant par trop à nos villes terrestres. D’autres ont déclaré que mon timing n’était pas le bon, et qu’envisager l’installation de «civils» sur Mars dès 2080 (voir «L’étroit rivage du Cosmos») n’était pas réaliste.

Mais voilà… Depuis peu, nous connaissons les plans dévoilés par Elon Musk. Il évoque une installation permanente sur Mars dès 2050, et décrit, dans un tweet très récent, une cité protégée par «des dômes de verre pour commencer» n’envisageant la terraformation de la planète que beaucoup plus tard.

Et là, je m’interroge. Jugez plutôt, en lisant le récit de l’arrivée sur Mars du héros des «Moissons de l’Éternité» :

…«Trouver les quartiers résidentiels fut pour lui un jeu d’enfant. Sous les dômes de la cité Martienne, il n’était pas question de chambrettes ridicules ou de couloirs aseptisés bas de plafond. Sur «Héra», un monde presque terrestre avait été reconstitué, avec des rues, des avenues et des bâtiments peu élevés aux lignes relativement sobres ; il y avait des jardinets, des arbres, et même un parc qui assurait l’équilibre de l’atmosphère de la ville. Pour un peu, il se serait cru transporté dans les allées bien tranquilles d’une petite ville américaine de la moitié du XX^ème siècle.

Lyorand fut heureux de trouver son pavillon, une maisonnette à l’angle de deux rues calmes et apparemment agréables. Il traversa le jardin et ouvrit la porte d’un geste assuré ; un intérieur sobrement meublé l’attendait. Il abandonna ses chaussures dans la petite entrée un peu sombre et tira un rideau de velours beige pour pénétrer dans la salle de séjour où un canapé et deux fauteuils noirs lui tendaient les bras, rassemblés autour d’une sorte de table basse qui n’était en fait qu’un rondin de pierre sur lequel était posée une plaque de verre. Dans un coin de la pièce une grande table étalait sa blancheur. On devinait la cuisine par une porte entrebâillée, et, de l’autre côté du living room, derrière une deuxième porte, une chambre aux murs blancs et nus abritait un grand lit qui se reflétait dans les miroirs qui ornaient un vaste placard.»…

Observez l’illustration en tête de cet article. Rien ne ressemble davantage au monde imaginé par Elon Musk que celui que découvre Lyorand en débarquant sur Mars.

Quand à l’intention de terraformer la planète, le projet me semblait si ambitieux que je me reprochais intérieurement de l’avoir glissée au détour d’une page de «Croit-on encore en nous, là-bas ?». L’action se passe en 3151 :

…«Gadiel cueillit une sorte de pensée et l’observa d’un air amusé. La fin du terraforming de Mars remontait à peine à une quarantaine d’années terrestres, si les souvenirs de Laï-Lee étaient exacts. Elle lui avait raconté quel beau jour avait été celui de la libération des colons trop longtemps enfermés sous les dômes des cités martiennes, et Gadiel regrettait de n’avoir pas vu cette fête magnifique. Laï-Lee avait alors cinq ou six ans, et elle n’avait rien oublié de ce jour mémorable.»…

Au passage, si la lecture du projet d’Elon Musk vous intéresse, c’est par ici.

En attendant, sait-on jamais, si le PDG de Space X lit cette page, et si l’envie lui prend de mettre son projet totalement en phase avec mes récits futuristes, qu'il sache que je ne serai pas vexée s’il baptisait sa première cité «Héra»…

Pour la bande originale de l’article, c’est ici.